J’ai lu La dislocation de Louise Browaeys

Une jeune femme sort de l’hôpital, dépossédée de son identité et de son passé…

Le roman de @louisebrowaeys se revendique fable écoféministe et j’ai mis quelques temps avant de pouvoir écrire quelques lignes à son sujet. C’est le genre de roman pour lequel les mots ne suffisent pas pour décrire ce qu’on a ressenti pendant la lecture. C’est plutôt une affaire de sentiments. Comme 2022 arrive et que les enjeux environnementaux, sociaux et climatiques réémergent subitement après la crise du COVID19, quelques passages du roman de Louise Browaeys me reviennent également.

Dans ce roman, l’autrice égrène la vie d’une femme avec une plume poétique et crue. Cette femme est dans mon souvenir ramenée à quelque chose d’assez primitif, un corps, aucun souvenir, la nature brute versus la culture. Pourtant, petit à petit, ce corps se sent comme raccroché à la Terre, et à des réminiscences et bribes culturelles, sans qu’on sache vraiment si une telle amnésie est réversible.

Ce roman m’a rappelé un peu « Arcadie » d’Emmanuelle Bayamack-Tam dans lequel une jeune fille vit dans une communauté sectaire auprès d’un gourou. Ce roman rappelait à quel point le mal n’est pas forcément là où on le croit et je l’avais beaucoup apprécié. Dans « La dislocation », la femme sert de prétexte ici à parabole. Une parabole grandeur nature qui symbolise notre amnésie collective, notre oubli commun du monde naturel qui nous entoure et de notre capacité à faire lien et communauté.


Si le roman n’est pas « drôle », il offre des scènes qui rompent avec le traditionnel récit cousu de fil blanc pour nous convier à une réflexion sur le corps et sa relation au monde et comment il faut désapprendre pour réapprendre. Comment il faut défaire, déconstruire. Redevenir un enfant du monde.


 » J’ai connu grâce à toi l’angoisse, disait K, les frissons, les grelottements, la peur, la sueur. J’ai connu les migraines, l’insomnie, la souffrance, l’agitation. Je ne savais pas que la vie pouvait revêtir cet aspect effroyable, je veux dire que c’était un versant possible de la vie, et peut-être même la pointe la plus maladivement vivante de notre condition. »


Une fable ? Non. Un métarécit plutôt.

Signé Tassa