Hello hello. J’ai vu hier Buzz l’éclair, le film Disney/Pixar et je dois dire que j’ai franchement bien apprécié malgré les nombreuses facilités du scénario adapté pour les enfants. Les films d’animation vont aujourd’hui au-delà de mes espérances. Quand j’étais jeune, j’avais déjà été estomaquée par la 3D utilisée pour Toy Story épisode 1, donc je suis désormais époustouflée par le rendu animé en 2022, des textures et des mouvements.
De quoi parle Buzz l’éclair ? Résumé : nous suivons les pas de Buzz l’éclair, astronaute et gardien de l’univers, lors d’une mission qui l’échoue lui et son équipe, sur une planète hostile. Il va devoir trouver une solution pour repartir, au prix de réels sacrifices.

Mon avis ?
Décliner Toy Story, qui en est déjà à son quatrième épisode, pour un spin off s’intéressant à l’un de ses personnages centraux, c’est toujours un pari. En effet, cela donne parfois des films d’animation de seconde zone, par exemple avec la Fée Clochette (Peter Pan) ou les produits dérivés Le Chat Potté de Shrek.
Or, adapter Buzz L’éclair en long métrage est un succès, selon moi. La formule est simple pour les auteurs et autrices de cet opus : Buzz l’éclair, le célèbre jouet astronaute a eu un passé, un « background », quel est-il ? SANS SPOILER, on retrouve avec plaisir un vilain personnage de la saga Toy Story en antagoniste. Le film est émouvant, se joue des codes modernes du thriller dans l’espace (Gravity, Interstellar) mais reprend également les codes anciens du film opéra dans l’espace (Star Wars, 2001 l’odyssée de l’espace…, ou d’horreur comme Alien…). C’est très agréable de voir des clins d’œil ici et là.
Bien entendu, chez Disney Pixar, les points forts sont : une équipe de choc et des personnages moyennement bien dessinés/étoffés, un scénario avec plein de rebondissements, une musique appréciable et de l’humour juste ce qu’il faut (le chat robot aura fait ma soirée !).
C’est là que vient la partie un peu plus SPOIL, alors ne lisez pas si vous ne l’avez pas vu.
SPOILER alert :
Le scénario a assez d’originalité pour captiver enfants et adulte, même si les ficelles sont connues dans le thriller spatial. En effet, Buzz l’éclair doit effectuer des tests dans l’hyper-espace grâce à l’hyper-vitesse par le biais d’un cristal, mais au prix d’un sacrifice dont il n’a pas conscience au début : 4 minutes d’hyper-vitesse, c’est 4 ans sur la planète où est restée son équipe.
Ce trope du temps qui se distend est déjà connu dans Gravity et dans Interstellar, mais cela rend l’histoire profondément émouvante et le problème philosophique et métaphysique se pose aux spectateurices.
Buzz l’éclair n’est pas seul. Sa meilleure amie et coéquipière Hawthorn est une femme courageuse qui prend la tête de la base et des opérations. Personnage racisé et ouvertement lesbienne, une communauté d’extrême droite conservatrice a voulu interdire l’existence de son personnage, mais Disney Pixar n’aura pas plié face à leurs exigences stériles. Hawthorn vieillit tandis que Buzz l’éclair continue d’aller dans l’hyper-espace, jusqu’à ce que l’irréparable se produise. Pour soulager Buzz du poids de la solitude, Hawthorn offre à Buzz un chat robot, un compagnon sans poil mais doté d’une intelligence artificielle redoutable ! Les moments du chat robot sont hilarants ! C’est la force du film. On peut reconnaître que Disney Pixar sait créer des personnages inédits et inattendus. Celui-ci est inspiré des robots de Star Wars, R2D2 et C3PO, on lui reconnaît un petit esprit machiavélique à la manière du dernier reboot d’Alien. D’ailleurs le robot D.E.R.I.C. fait référence à Alien, le retour.
Ce qui est le plus réussi c’est aussi le design du film en général : toute l’imagerie est tournée autour d’une ambiance très « jouet ». I.V.A.N. est l’intelligence artificielle qui fait office de pilote automatique dans les vaisseaux, sa voix féminine rappelle la plupart des films de SF, et la manière d’enclencher I.V.A.N. rappelle la manière d’enclencher une cartouche NINTENDO dans la console. La combinaison de Buzz et de ses équipiers est telle que dans Toy Story, une combinaison jouet avec tous les gadgets (stylo compris) et le chat robot ressemble à un jouet sur piles, le sabre est proche du sabre laser de Luke Skywalker.
Quelques fans reconnaîtront peut-être des références cachées au Guide du voyageur galactique mais d’autres verront plutôt des références directes à Toy Story, comme l’apparition furtive du véhicule de Pizza Planet, la mention de Star Command un peu partout, l’antagoniste de Buzz l’éclair, quelques scènes sont clairement des réadaptations très originales de Toy Story, comme dans les cônes de lumière rouge-orange, lors du discours que Buzz fait à son cadet, etc. L’apparition de Zorg était attendue avec ses robots tueurs, cependant, la référence à Star Wars quand Buzz l’éclair s’écrit « Papa?! » est assez hilarante et les scénaristes s’en sortent très bien avec cette idée d’un antagoniste venue d’une autre dimension ou comme nous dirions aujourd’hui, du multivers.
On ne peut pas ignorer le fait que Disney Pixar s’était déjà exercé au film dans l’espace avec Wall-E, une franche réussite, devenue une référence, comme fable écologique. Cependant, aucune mention des méfaits d’une colonisation sur une planète inconnue n’est faite (conséquences environnementales, etc.). On pourra reconnaître que c’est là où pèche ce film… voici quelques autres travers :
Tout d’abord, Buzz l’éclair est un personnage trop classique. Son arc scénaristique est le plus simple, il est celui qui se sacrifie en tant que soldat de la Star Command, il a le véritable sens de l’honneur et n’a donc aucune vie intime. La planète sur laquelle son équipe atterrit est vue comme hostile et inhospitalière, trope auquel on a le droit dans la plupart des films de SF sans réfléchir aux conséquences d’une colonisation humaine, ce qui apparaît dans les derniers Star Wars, Alien ou même Avatar, sans qu’on sache pourquoi les scénaristes, habitués à des messages plus pertinents et modernes, ne glissent pas quelques mots plus profonds (un message anti-militariste, anticolonialiste ? Que nenni!)
L’équipe de Buzz éclair est excellente, même si elle finit par s’effacer, on est loin de l’équipe de choc dans Monstres et Cie ou bien de Toy Story. Le fait d’y voir une reprise de justice et un incapable rappelle également Les Gardiens de la Galaxie, film qui met en avant des parias. La planète est inspirée des univers dans Star Wars (Endor par exemple), donc sans grande originalité de ce côté là. On reste encore sur un message du type très classique « trouver un chez soi », « se créer sa propre famille » « faire preuve de courage » « honorer sa famille et sa fonction »… sans véritable recherche et sans modernisation du discours.
« Vers l’infini et l’au-delà », phrase attribuée à Buzz, est remplacée par un geste iconique : celui des deux index qui se rejoignent, hommage à E.T. de Steven Spielberg.
Reste qu’il s’agit d’un très bon moment passé à l’écran et j’ai encore versé ma petite larme, car tout ce qui concerne la distorsion du temps et de l’espace me fait pleurer.
Signé Tassa
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