Salut ! J’ai lu le dernier tome de la saga Hunger Games de Suzanne Collins intitulé The Hunger Games : The Ballad of Songbirds and Snakes. Il s’agit du dernier tome coiffant la trilogie à succès, dépeignant un univers dystopique dans lequel de jeunes tributs sont envoyés dans une arène pour s’entretuer lors des jeux de la Faim. Inspiré clairement de l’œuvre de Stephen King, auteur de The Running Man, dont l’intrigue était semblable (une émission télévisée lors de laquelle le premier qui s’arrête de courir meurt et le dernier gagne), l’auteur américain s’était gaussé du roman de Suzanne Collins, déclarant que ce n’était qu’une pâle copie de son travail. Il semblerait que la hache de guerre soit enterrée, puisqu’au vu du succès de la trilogie au cinéma, les Hunger Games ont sensiblement détrôné le marathon mortel du King, ce dernier aurait apprécié le dernier volume de la série (cf. Quatrième de couverture de la version grand format).

Autre inspiration sûrement, les Hunger Games ressemblent beaucoup à Battle Royal, la tuerie de Kinji Fukasaku, mais s’en éloigne par le propos très « science fiction » de l’autrice Suzanne Collins. Cette dernière poursuit son histoire dystopique au travers de laquelle notre société se retrouve plongée dans une forme de système totalitaire : Panem, un continent divisé en districts, est contrôlé par une autorité pleine et entière qui tient son siège décisif dans la Citadelle, où vivent familles d’aristocrates, familles bourgeoises et autres membres issus d’une hiérarchie qui briment et esclavagent les autres districts, le plus pauvre de tous étant le district 12, le district 13 ayant disparu après la guerre des Rebelles contre le Capitol.
Ai-je aimé ce tome ?

Eh bien. J’ai adoré ! Quel bonheur de s’immerger de nouveau dans ce monde sombre de tortionnaires 2.0. Toutefois, nous sommes ici dans un prequel, c’est-à-dire que nous observons ce qu’a été le déroulement des jeux avant ceux de l’héroïne Katniss Everdeen. Nous suivons en effet le personnage de Coriolanus Snow avant que celui-ci ne devienne le terrifiant président Snow, et le sort d’un des tributs des jeux : Lucy Gray Baird. Snow devient le mentor de Lucy lors des jeux, mais rien ne se passe comme prévu dans ces jeux, plus mortels encore.
Si le suspens est de nouveau rondement mené, et la résolution bien amenée, ce qui est attrayant dans ce tome-ci, ce sont les nombreuses références aux livres précédents. On y comprend les origines de certaines particularités du jeu, on y comprend aussi l’évolution de Snow en tant que dictateur sanguinaire. Bien décidée à faire comprendre les codes philosophiques de son univers, Suzanne Collins réalise un travail de fond dans son œuvre, en y ajoutant çà et là les ingrédients de la terreur, des notions philosophiques tels que le contrat social, le machiavélisme ou bien la stratégie militaire, de Rousseau à Sun Tzu, il n’y a qu’un pas. Le roman se veut très fidèle à la saga. L’origine des jeux, avec la présence de son créateur (le doyen Highbottom dont la « créature » lui échappera), l’origine du chant du pendu, l’origine encore de la guerre des Rebelles contre le Capitol, l’origine du jeu télévisé, des personnages historiques clés, tout est clairement expliqué dans ce tome extrêmement bien écrit.
Chapitres courts mais intenses, retournements de situation, combines et complots politiques, tout est fait pour vous tenir en haleine. Suzanne Collins ne rédige pas seulement un pamphlet au sujet d’une société qui pourrait exister, elle ne décrit pas un monde manichéen, tout fait de noirs et de blancs, ne remet pas le couvert pour une énième bluette à la Twilight, non, elle décrit un univers complexe et crédible, et chaque détail non superflu sert à l’intrigue. Les personnages, comme à son habitude, sont très attachants. Évidemment, on finira par en haïr certains.
Et pour ne pas tomber dans le piège de recommencer la même histoire, Suzanne Collins nous invite dans la tête d’un odieux personnage. La narration interne nous plonge dans l’esprit d’un seul et unique homme, Snow, que le destin mènera à l’irrémédiable dénouement de la trilogie. Rien n’est véritablement cousu de fils blancs. À tout moment, chaque personnage peut vriller, virer de bord, trahir, perdre la tête, par amour, par ambition, par bonté de cœur, ou bien par rébellion contre l’autorité. Le roman, savamment construit, nous emmène plus loin encore que les jeux, puisqu’on découvre aussi le fonctionnement de la plupart des « vilains » des romans précédents : les mentors, les universitaires, les sponsors, les familles des mentors, les Pacificateurs, etc.
On pourrait arguer que ce livre vient « romanticiser » la violence des agresseurs, et c’est vrai qu’à un certain stade de la lecture, je me suis posée la question. Néanmoins, le récit prend rapidement un détour et la frontière floue entre le Bien et le Mal s’épaissit, tant et si bien que la barrière de l’éthique n’est pas franchie. D’un autre côté, peut-on dire que donc l’autrice ne va pas assez loin dans la peinture de cette violence structurelle ? L’homme est un loup pour l’homme, certes, mais comme le dit Lucy Gray Baird, il y a en chacun une forme de bonté naturelle. Suzanne Collins n’ignore pas que les pires dictateurs sont devenus ce qu’ils sont après une blessure et un endoctrinement. C’est ce qu’elle nous livre ici.
Le film adapté de ce dernier opus sera sûrement à la hauteur des quatre précédents. Je l’attends avec impatience. Et j’en redemande !
Signé Tassa
Je ne sais pas toi mais je trouve qu’il est mieux écrit que la trilogie originale. (j’ai hâte de voir le film !)
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Je ne sais pas s’il est mieux écrit mais il est mieux construit, disons qu’on y trouve plus de réflexions un peu social-philo et plus de recul que dans les tomes précédents.
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